mercredi 14 juin 2017

Abdoulaye Sarr, Directeur technique de Génération Foot

«Maintenant, faire bonne figure en Afrique»
Abdoulaye Sarr, Directeur technique Génération Foot

Abdoulaye Sarr est un dirigeant comblé. Très posé comme à l’accoutumée, le directeur technique de Génération Foot savoure le premier titre de champion du Sénégal remporté par son club. Laye Sarr, comme on l’appelle familièrement dans le milieu du foot, revient, dans cet entretien, sur la saison des Grenats et évoque les perspectives.
Vous attendiez-vous réellement à ce sacre après seulement une année en Ligue 1 ?
Il faut dire qu’en début de saison, en tant que promu, l’objectif était le maintien. Mais chemin faisant, conscients aussi des possibilités que nous avions, nous nous sommes demandé s’il ne fallait pas, sans mettre la pression aux jeunes, avoir en vue plus que le maintien. D’autant que depuis la 8ème journée, nous avons gardé la première place. Donc, on a redéfini l’objectif en restant dans notre démarche, pour dire pourquoi ne pas jouer le titre. Et quand on a été conscient que cela est tout proche, on a fait table rase des autres compétitions à savoir la Coupe du Sénégal et la Coupe de la Ligue. Nous avons quantifié, mesuré nos possibilités et dit que si on se mettait sur tous les fronts, on serait dispersé. Parce que l’efficacité voudrait que l’on fasse un choix. Et le choix a été fait sur le championnat. Aujourd’hui, c’est le couronnement, c’est le sacre. Donc, encore une fois, rendre grâce à Dieu. C’est le travail de toute une équipe, à savoir les dirigeants, les pratiquants, le staff technique et tous les ouvriers qui, au quotidien, travaillent autour de Génération Foot. Je pense aux préposés du terrain, ceux qui s’occupent du gazon, aux autres corps de métier qu’il y a ici. Donc, c’est le travail de toute une famille, de toute une équipe.
On sent que vous êtes vraiment comblé avec ce titre…
Nous avons un sentiment de satisfaction, c’est vrai. Mais encore une fois, rendons grâce à Dieu. Aujourd’hui, je pense que pour ce centre de formation que nous avons l’honneur de diriger, c’est un grand jour, un moment important dans la vie du centre. C’est l’occasion de penser à tous les gens qui, au quotidien, essaient d’apporter leur savoir en y mettant leur cœur, leurs forces. Mais en premier, le président fondateur Mady Touré vers qui toutes les pensées vont, son collaborateur le président du FC Metz Bernard Serin et tous ses collaborateurs. Je crois que remporter le championnat d’un pays, il faut le faire. C’est la récompense d’efforts consentis durant toute la saison. Si nous sommes là aujourd’hui, il n’y a pas de secret : c’est le travail. On a essayé de mettre une organisation en place et d’être constant dans notre démarche, à la philosophie qui sous-tend toute notre action : faire des garçons non pas des footballeurs, mais des hommes capables de s’insérer dans la société. Parce que n’oublions pas qu’à Génération Foot, il y a aussi la scolarité. Il y a une école privée, qui va de la 6ème à la terminale. Donc, on essaie de combiner les deux : sport et études. Pour essayer de faire des hommes qui, demain, seront capables, comme je l’ai dit tantôt, de s’insérer dans la société. Parce que l’on sait que tout le monde ne sera pas footballeur professionnel. Mais, il faut être aussi dans l’anticipation et penser à l’avenir de ces enfants, à ces familles qui nous font confiance, qui nous laissent les gamins à bas âge. Donc, je pense que si la partie sportive est mise aujourd’hui en relief, on n’oublie pas non plus ce qu’on fait dans le domaine de l’éducation, car ici le c’est le maître mot. Je crois que tout le monde est content. C’est pourquoi j’ai dit rendons grâce à Dieu d’abord, ensuite remercions nos parents, nos amis et essayons de nous remettre en question comme on le fait tout le temps et de rester dans une continuité. Parce que le chemin est encore long.
Vous avez marqué dans les arrêts de jeu pour remporter la victoire contre le Stade de Mbour (4-2). Comme contre Niary Tally. Y a-t-il un travail spécifique qui se fait ici dans ce sens ?
J’ai toujours dit tant que l’arbitre n’a pas sifflé, il peut se passer quelque chose. Demain, le même état d’esprit nous animera. Pour la compétition, le haut niveau, c’est le mental. Et chaque fois qu’il y a un temps pour prendre des points, il faut le mettre à profit. Même dans la difficulté, nous n’avons jamais baissé les bras. Pour montrer que ce volet, ce facteur mental, est important. Donc, ce n’est pas la première fois que cela nous arrive. À Louga, je me rappelle, contre le Ndiambour, c’est vers la fin qu’on a pu égaliser et marquer le but de la victoire. Et c’est une culture que l’on essaie de développer à Génération Foot. Tant que l’arbitre n’a pas sifflé, il y a des choses à prendre. Il faut aller à fond. La preuve, même sur le ratio buts en championnat, on a dit qu’on peut encaisser des buts mais il faut en marquer le plus possible. Je crois qu’aujourd’hui, en matière de records, on a fait quelque chose d’important sur le plan offensif.
Pikine et Gorée ont remporté le championnat et se sont retrouvés en difficulté la seconde saison. Allez-vous apprendre de ces expériences pour ne pas faire les mêmes erreurs que vos prédécesseurs ?
Comme disait l’autre c’est une vie. Je ne l’ai jamais souhaité ni à l’US Gorée ni à l’AS Pikine mais ces exemples nous serviront de leçons. Et à Génération Foot, dans le management, c’est une autre démarche. Nous pensons tirer les enseignements de tout ce qui se passe pour faire du haut niveau et mettre le temps qu’il faut. Je pense que nous prendrons toutes les garanties possibles pour ne pas verser dans cette situation. Donc, aujourd’hui, je crois que c’est bizarre de voir qu’un champion soit relégué. On pourrait dire quelquefois que cela ne se passe qu’au Sénégal. Nous allons essayer d’analyser froidement tout cela pour essayer de rester sur terre. De savoir que chaque jour, c’est la remise en question. Et en étant humble, en étant patient, en restant sur les valeurs qui font Génération Foot : le respect, le partage, la solidarité. Nous pensons éviter ce piège.
Ibrahima Niane et Ablie Jallow vont quitter pour le FC Metz. Êtes-vous prêts à pallier leur départ avec des renforts de l’extérieur ou avec la promotion des jeunes du centre ?
Je pense que c’est toujours difficile de perdre des joueurs de ce calibre. Mais dites-vous que la vie est faite de rencontres et de séparations. Et je crois que ça va se passer dans de bons termes. On l’a fait l’année dernière en Ligue 2 quand on est monté. Cinq titulaires étaient partis. Je peux citer Wagane Faye et Ibou Faye, qui sont en RFC Seraing en Belgique, Lemouya Goudiaby, Ismaïla Sarr et Aliou Diatta au FC Metz. Ils étaient des cadres dans l’équipe. Mais je pense qu’il y a une relève qui est préparée. Cette année, nous avons joué régulièrement avec 6 juniors. Cheikh Tidiane Sabaly, on l’a révélé vers la fin de la saison. Amadou Dia Ndiaye, on l’a amené cette saison petit à petit. Ce sont des juniors. Donc, je pense que la vocation du centre, qui est une académie, c’est de faire une promotion interne. Maintenant, s’il y a lieu, pour des impératifs précis, d’équilibrer certaines lignes et de renforcer certains secteurs, on fera un recrutement ciblé. Mais dans la logique, c’est la promotion interne qui sera privilégiée. Mais quelque part aussi, il faut promouvoir des jeunes et les amener dans le haut niveau. C’est aussi un des objectifs du centre. Donc, le départ d’Ibrahima Niane et celui d’Ablie Jallow ne nous procureront que du bonheur, du plaisir. Parce que c’est ça qui fait notre fierté comme nous l’avons eu avec les Sadio Mané, Diafra Sakho et Babacar Guèye, etc. C’est une des vocations du centre. Derrière, il y a des jeunes. Si nous avons besoin d’expérience, on ira piocher mais avec un recrutement intelligent, ciblé. Pour avoir sur certaines lignes, à des postes clés, les gens qu’il faut pour faire face au défi Afrique. Parce que là, nous allons en Afrique s’il plaît à Dieu. Nous devons penser au quotidien du football sénégalais, c’est-à-dire le championnat national. Il faut faire un travail de fourmis. Toujours être dans l’anticipation et essayer de savoir que tout n’est pas donné. Tout a un prix. C’est à nous de nous investir, de prendre les bonnes initiatives et d’être assez responsables pour faire face. Parce que cela arrive à beaucoup de centres ou d’équipes qui ont des centres de formation. Entre les compétitions africaines et les compétitions au plan local, souvent les équipes laissent des plumes. Mais je pense que nous allons essayer d’user de beaucoup d’intelligence pour être présents au niveau de notre championnat et faire bonne figure en Afrique.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire