«Dakar
et Kolda sont candidates pour les phases nationales 2017»
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Amadou Kane, président de l'ONCAV |
Ziguinchor
a répondu aux attentes de l’ONCAV lors des phases nationales, qui s’y sont
déroulées du 12 au 27 août. Le président de l’ONCAV décerne en tout cas un
satisfécit à la région sud, non sans appeler le ministère de la Culture à
s’impliquer davantage dans les activités du Navétane de sa région. Amadou Kane
confie dans le même temps que Kolda et Dakar ont déjà déposé leur candidature
pour abriter les prochaines phases nationales en 2017.
Président,
vous avez passé 15 jours à Ziguinchor pour les besoins des phases nationales.
Quel sentiment vous anime ?
Une satisfaction totale.
Vous savez, lorsqu’on quittait Dakar pour aller à Kolda, en prélude aux phases
nationales pour organiser le forum sur l’environnement, il y avait beaucoup de doutes.
Compte tenu du volume du programme, du nombre de personnes qu’on attendait et
du temps qu’on devait passer à Ziguinchor. Et en ce moment-là, on n’avait pas
le 1/5 du budget. Alors, il y avait beaucoup d’inquiétudes. À l’arrivée, tout
le monde s’est rendu compte que ces inquiétudes se sont dissipées. Parce que
nous sommes parvenus à tenir toutes les activités, en dehors de la lutte à
cause du calendrier. Grâce à Dieu, ces phases resteront gravées dans les
mémoires des Sénégalais.
À
vous entendre, le bilan est satisfaisant ?
Il est plus que
satisfaisant. Nous avons organisé deux championnats en seniors et en cadets
dans le territoire régional de Ziguinchor. Que ce soit à Oussouye avec des
équipes seniors et cadettes ou à Bignona. Et à Ziguinchor, il y avait 3 poules
en seniors et deux en cadets. Nous sommes parvenus à terminer à temps et faire
de manière qu’à partir des quarts de finale, toutes les activités soient
reversées à Ziguinchor. Pour la première fois dans le cadre du Navétane, on a
organisé les matchs de la 3ème et 4ème place. Nous
l’avons fait pour satisfaire nos ASC. Nous avons estimé que toutes les équipes
qui se sont battues pour arriver en demi-finales étaient de la région de
Ziguinchor. Et ce sont des équipes qui avaient l’ambition d’aller en finale.
Elles se sont mobilisées et ont tout fait pour accéder à cette étape de la
compétition. Malheureusement, les dieux du football en ont décidé autrement.
Nous avions dit qu’il fallait donner leur chance à ces équipes, à leurs
supporters pour venir participer à la belle finale. C’est ce qui a été fait le
jour de la finale. Nous avons eu un match en cadets, le match de classement
pour la 3ème et la 4ème place et la grande finale, qui a
été une très grande réussite avec une forte mobilisation.
Qu’est-ce
qui vous a le plus marqué durant ces phases ?
Effectivement, il y a une
chose qui m’a vraiment marqué durant tout notre séjour à Ziguinchor. La météo
n’a pas empêché le déroulement des activités. Que ce soit pour les matchs, les
foras ou le théâtre, il pleuvait. Mais cela n’a pas empêché à la population de
se déplacer. Pour dire que le pari de la mobilisation a été gagné.
À
part le trophée et des équipements, les finalistes ont-ils reçu des enveloppes
financières ?
Pour les équipes seniors,
le champion a eu 1 million FCFA. Le vice-champion a reçu 500.000 FCFA. L’équipe
arrivée à la 3ème place a obtenu 150.000 FCFA et la 4ème
équipe a encaissé 100.000 FCFA. Pour les équipes cadettes, le vainqueur a reçu 500.000
FCFA, le vaincu 250.000 FCFA. Le seul changement par rapport à l’année
dernière, c’est la 3ème et la 4ème place. Pour le
théâtre, le vainqueur a récolté 500.000 FCFA. Donc, cela s’est bien passé.
L’essentiel pour le Navétane, ce n’est pas seulement l’argent. Quand on voit
qu’il y a des équipes qui ont dépensé 15 millions FCFA pour le Navétane, elles
ne s’attendent pas à encaisser plus de 15 millions FCFA en retour. Le charme du
Navétane, c’est l’ambiance, la volonté de défendre son quartier, son village.
C’est arriver à participer à ces activités, qui sont devenues à nos jours des
activités nationales.
Revenons
sur le théâtre. Il y avait 4 troupes sur 14 attendues. Que comptez-vous faire
pour redynamiser le volet culturel ?
Certains disent que le
théâtre est le parent pauvre du Navétane. Le théâtre est le parent pauvre du
Sénégal. Si nous prenons le cas de Dakar, dans chaque commune d’arrondissement,
il y a un centre culturel. Allez visiter ces centres culturels, ils sont
devenus des dortoirs. Il n’y a pas d’activité culturelle. C’est parce que, de
mon point de vue, il faut que le ministre de la Culture redouble d’efforts pour
les activités culturelles. Pour le Navétane, ce que nous devions faire, nous
l’avons fait. Nous avons dit que le théâtre est obligatoire. Maintenant, ce qui
reste à faire, c’est que de la même manière que le jeune Sénégalais cherche à
devenir footballeur pour aller au Jaraaf ou à Marseille, il faudrait qu’il y
ait les mêmes motivations pour le théâtre. Depuis plus de 20 ans, l’exigence de
présenter des troupes théâtrales existe dans nos règlements généraux. Si une
équipe n’a pas de troupe théâtrale, elle est sanctionnée. Mais, il y a un autre
aspect. Le manque de moyens. Que ce soit pour nous ou les autres artistes
éparpillés partout dans le Sénégal. Tu vois un artiste-peintre, un comédien
etc. investissent, mais quand ils se rendent compte que l’investissement ne
paie pas, ils deviennent mécaniciens, soudeurs ou maçons. Pour le football, c’est
le contraire. Un footballeur qui est dans une ASC a l’ambition d’aller au Casa
Sports, au Jaraaf, à Diambars... Dans une équipe qui fera que demain il peut aller
monnayer son talent à l’extérieur. Si on ne fait pas attention, la culture va
disparaître définitivement. Il y a 10 ans de cela, au centre Blaise Senghor,
les gens organisaient le théâtre plus des activités culturelles. Aujourd’hui,
au centre culturel de Grand Dakar ou à Sacré Cœur, et ailleurs, on ne retrouve pas
le théâtre. Ceux qui sont dans la culture sont dans l’impasse.
Qu’est-ce
qu’il faut pour sortir de cette impasse ?
Cela nécessite de gros
efforts de la part du ministre de la Culture. La culture au Sénégal, c’est le
ministère de la Culture qui doit la développer. Depuis deux ans, nous n’avons
pas senti le soutien de ce ministère. Et ne serait-ce que ces 4 troupes dont
vous parlez, nous avons dépensé pas moins de 4 millions pour leur transport, l’hébergement,
la restauration, sans compter les primes. Et quand on voit ce que ces troupes
ont dépensé, cela veut dire qu’on doit redoubler d’efforts. Nous allons essayer
d’analyser cette situation pour voir la conduite à tenir. Mais j’ai peur que si
cela continue comme ça, le théâtre va être enlevé des RG du mouvement Navétane.
Je dis la vérité. On ne peut pas sacrifier nos ASC pour rien. Aujourd’hui, on a
fait quelque chose pour rendre la culture productive. Et pourtant, les 4
troupes ont produit de belles prestations. La meilleure actrice des phases est
la fille de Tonghor de Dakar, elle n’a pas 10 ans. Quand vous l’entendez parler
français, vous pouvez penser qu’elle est à l’Université. Quand vous l’entendez
parler Wolof, vous avez l’impression d’être en face d’une grande dame. Cela
montre qu’il y a du talent. Et le théâtre que nous faisons est une détection de
talents. Ce qu’on voulait, c’est faire de la culture sous toutes ses formes.
Mais nos ASC n’ont pas les moyens de le faire. Et aujourd’hui, on ne peut pas
trop surcharger nos ASC dans ce domaine alors que cela n’est pas très productif.
Les recettes que nous obtenons à partir des stades pour le football, on n’ose
pas les reverser dans la culture. Ce ne serait pas raisonnable. Nous pensons
que chaque activité doit s’autofinancer. Il faudrait qu’on y travaille. La
lutte existe dans nos activités que ce soit dans la région de Ziguinchor, de
Matam, etc. les gens font de la lutte. Nous voulons que cela soit officiel dès
l’année prochaine. Et même l’athlétisme, comme cela se faisait avec l’UASSU. Nous
allons analyser ce qui s’est passé, mais j’insiste que c’est un problème de
moyens.
Quelle
région va abriter la 31ème édition des phases nationales 2017 ?
Aujourd’hui, nous avons
deux demandes. Dakar nous a sollicités pour abriter les phases de 2017. Il y a
aussi Kolda, nous avons reçu une correspondance du maire (Abdoulaye Bibi Baldé,
ndlr). Ils sont prêts à prendre en compte toutes les charges. Mais c’est au
prochain Comité directeur, prévu au mois de septembre, de trancher cela. Il y a
deux ans de cela, notre ambition était d’aller partout dans le Sénégal. Là où
la région ne peut pas organiser des phases, on y organise des vacances
citoyennes. Vous savez que Dakar n’est pas une petite région. Mais on essaie de
voir. Ce n’est pas moi qui décide, c’est le Comité directeur. Si on voit que
ces lettres sont motivées, on fera en sorte que tout le monde y gagne.
Donc
les prochaines phases, ce sera à Kolda ?
Non, je n’ai pas dit cela.
Ce n’est pas moi qui décide. C’est le Comité directeur de l’ONCAV qui décide. Dakar
avait soutenu celle de Ziguinchor parce qu’il y a une convention qui lie les
deux ORCAV, depuis 20 ans maintenant. Les relations entre Dakar et Ziguinchor
datent de très longtemps. L’information, aujourd’hui, est que Dakar a déposé un
bon dossier. Dakar ne peut pas manquer d’arguments. Ni dans le domaine des infrastructures
ni dans celui des moyens. Dakar c’est 4 ODCAV (départements). Si on organisait
à Dakar, on gagnerait plus de temps qu’ailleurs. Parce qu’on organise dans 4
départements, même s’il y a plus d’ASC. Mais Kolda aussi a déposé son courrier.
Et le maire de la ville nous a écrit hier (mardi) pour dire que sa lettre est
un soutien à la candidature de Kolda. Le moment venu, on fera de telle sorte
que tout le monde y gagne.