mercredi 20 avril 2016

Interview : Tassirou Diallo sur le renvoi des coachs

«Les entraîneurs doivent respecter leurs collègues»

Tassirou Diallo, ancien international sénégalais
À quelques journées de la fin du championnat de Ligue 1, des clubs se sont séparés de leurs coachs. Choix judicieux ou préjudiciable. L’ancien international, Tassirou Diallo se prononce.
En 2015, Alassane Dia avait démissionné de son poste d’entraîneur, après avoir réalisé le doublé avec l’AS Pikine, reléguée en Ligue 2 dans la foulée. Karim Séga Diouf a été démis récemment, l’AS Douane est-elle menacée ?
Tout est possible dans le football. L’équipe de Pikine, qui a gagné le championnat et la Coupe du Sénégal, avait des petits problèmes. Mais tout cela est un peu la faute à nos dirigeants qui doivent pouvoir mettre en place des projets sur le long terme. Le projet de l’entraîneur, c’est 3 ans voire 4 ans. Si le coach perd 3 matchs ou 4, on le vire et on amène un autre. C’est inadmissible. On ne peut pas continuer ainsi. Il faut que les clubs travaillent sur des projets. Il y a aussi le cas d’Al Ousseynou Sène (renvoyé au Stade Mbour, ndlr), Boucounta Cissé, démissionnaire au Ndiambour. Il y en aura encore d’autres.
Qu’est-ce qui explique cela, selon vous ?
Parce qu’au Sénégal il n’y a pas une association forte des entraîneurs. Il n’y a pas de statut pour les entraîneurs. On attend qu’un coach soit débarqué pour qu’un autre se précipite pour le remplacer. Même à 6 journées de la fin du championnat ! Qu’est-ce que le nouvel arrivant peut faire pour redresser une équipe en si peu de temps. Il faut que les gens respectent leurs collègues entraîneurs dans les moments difficiles. Il faut qu’on les soutienne. Ce sont des grands entraîneurs. Les gens qui donnent des cours au niveau africain, ce sont tous des Sénégalais. Les Mama Sow, Amsatou Fall, Mayacine Mar, Aliou Kandji, etc., sortent pour enseigner au plus haut niveau. Au Sénégal, on est là pour remplacer le coach mal en point. Si on continue dans ce sens, notre football n’aura pas une stabilité.
Qui-est-ce qu’il faut pour avoir cette stabilité ?
Cette stabilité requiert une bonne gestion autour d’un projet. Ce n’est pas au niveau des résultats dans l’immédiat. On ne peut rien gagner dans l’immédiat. Par contre, on peut faire un projet et se dire que dans 3 ou 4 ans, je vais être finaliste de la Coupe d’Afrique des clubs. Ce qui n’est pas le cas actuellement parce qu’on est toujours éliminé au premier tour. Cela fait très longtemps que les clubs sénégalais ne se qualifient plus en phases de poules. Il n’y a pas quelque chose de fiable dans notre football. Nous sommes tous des Sénégalais et voulons que notre football aille de l’avant. Que les gens ne disent pas qu’on est là pour critiquer, on est là pour que le football de notre pays se développe. Si on continue comme ça, on n’aura jamais des résultats satisfaisants. Il faut qu’on tende vers des assises pour voir ce qui ne marche pas. Il faut qu’on analyse, qu’on diagnostique, qu’on évalue. Afin que ces réflexions puissent aider à relancer le football sénégalais.

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