«Les
entraîneurs doivent respecter leurs collègues»
Tassirou Diallo, ancien international sénégalais |
À quelques journées de la fin du
championnat de Ligue 1, des clubs se sont séparés de leurs coachs. Choix
judicieux ou préjudiciable. L’ancien international, Tassirou Diallo se prononce.
En 2015, Alassane Dia avait
démissionné de son poste d’entraîneur, après avoir réalisé le doublé avec l’AS
Pikine, reléguée en Ligue 2 dans la foulée. Karim Séga Diouf a été démis
récemment, l’AS Douane est-elle menacée ?
Tout est
possible dans le football. L’équipe de Pikine, qui a gagné le championnat et la
Coupe du Sénégal, avait des petits problèmes. Mais tout cela est un peu la
faute à nos dirigeants qui doivent pouvoir mettre en place des projets sur le
long terme. Le projet de l’entraîneur, c’est 3 ans voire 4 ans. Si le coach
perd 3 matchs ou 4, on le vire et on amène un autre. C’est inadmissible. On ne
peut pas continuer ainsi. Il faut que les clubs travaillent sur des projets. Il
y a aussi le cas d’Al Ousseynou Sène (renvoyé
au Stade Mbour, ndlr), Boucounta Cissé, démissionnaire au Ndiambour. Il y en
aura encore d’autres.
Qu’est-ce qui explique cela, selon
vous ?
Parce qu’au
Sénégal il n’y a pas une association forte des entraîneurs. Il n’y a pas de
statut pour les entraîneurs. On attend qu’un coach soit débarqué pour qu’un
autre se précipite pour le remplacer. Même à 6 journées de la fin du
championnat ! Qu’est-ce que le nouvel arrivant peut faire pour redresser
une équipe en si peu de temps. Il faut que les gens respectent leurs collègues
entraîneurs dans les moments difficiles. Il faut qu’on les soutienne. Ce sont
des grands entraîneurs. Les gens qui donnent des cours au niveau africain, ce
sont tous des Sénégalais. Les Mama Sow, Amsatou Fall, Mayacine Mar, Aliou
Kandji, etc., sortent pour enseigner au plus haut niveau. Au Sénégal, on est là
pour remplacer le coach mal en point. Si on continue dans ce sens, notre
football n’aura pas une stabilité.
Qui-est-ce qu’il faut pour avoir
cette stabilité ?
Cette
stabilité requiert une bonne gestion autour d’un projet. Ce n’est pas au niveau
des résultats dans l’immédiat. On ne peut rien gagner dans l’immédiat. Par
contre, on peut faire un projet et se dire que dans 3 ou 4 ans, je vais être
finaliste de la Coupe d’Afrique des clubs. Ce qui n’est pas le cas actuellement
parce qu’on est toujours éliminé au premier tour. Cela fait très longtemps que
les clubs sénégalais ne se qualifient plus en phases de poules. Il n’y a pas
quelque chose de fiable dans notre football. Nous sommes tous des Sénégalais et
voulons que notre football aille de l’avant. Que les gens ne disent pas qu’on
est là pour critiquer, on est là pour que le football de notre pays se
développe. Si on continue comme ça, on n’aura jamais des résultats satisfaisants.
Il faut qu’on tende vers des assises pour voir ce qui ne marche pas. Il faut
qu’on analyse, qu’on diagnostique, qu’on évalue. Afin que ces réflexions
puissent aider à relancer le football sénégalais.
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