dimanche 12 mars 2017

Rugby : Interview avec Me Guédel Ndiaye, président Fédération sénégalaise

«Rester dans les 5 premiers pour la qualification au Mondial»

Me Guédel Ndiaye, président de la FSR

À l’issue de l’assemblée générale élective de la Fédération sénégalaise de rugby, jeudi dernier, Me Guédel Ndiaye s’est réjoui de la confiance renouvelée à son égard pour un nouveau mandat de 4 ans. Après le titre du Sénégal dans le groupe B au niveau continental, Me Guédel s’attaque un nouveau challenge : être parmi les 5 meilleures équipes pour la qualification au Mondial.

Président, qu’est-ce cela vous fait d’être élu à l’unanimité pour un nouveau mandat à la tête de la Fédération sénégalaise de rugby ?
Cela fait toujours plaisir. Mais j’aurais préféré avoir aussi d’autres candidats, qui m’auraient permis de lever le pied tout en restant membre de la Fédération. Finalement, les deux personnes que je pressentais pour me remplacer, éventuellement, n’étaient pas trop chaudes. Je pense que ce sera pour la prochaine fois. Parce que j’arrêterai après, mais tant que je serai en bonne santé, j’adorerai toujours le rugby. Et ça m’a fait très plaisir, effectivement, d’être élu à l’unanimité.
Depuis quand vous-êtes à la tête de la Fédération ?
Cela fait presque une vingtaine d’années. Ce n’est pas un poste très prisé. Ce n’est pas une Fédération argentée. Et les gens ne se bousculent pas. Et puis, c’est une Fédération vraiment admirable, très sympathique. Mais c’est compliqué parce que le rugby n’est pas trop populaire au Sénégal. On commence à le populariser. On a toujours des problèmes de stades. On a des problèmes d’argent pour le déplacement de nos équipes nationales, etc. Mais, petit à petit, on arrive à bien travailler parce que nous sommes de plus en plus reconnus par le ministère des Sports, qui nous aide. On est de plus en plus reconnu par le Comité olympique, qui nous aide. On est aussi de plus en plus reconnu par la Fédération internationale de rugby ainsi que la Confédération africaine de rugby. L’un dans l’autre, on arrive à s’en sortir. Mais le seul problème qu’on a pour l’instant, c’est un problème de terrain. Heureusement, nous avons l’armée sénégalaise qui nous aide avec Bel-Air et le stade Iba Mar Diop. L’armée française qui nous prête son terrain à Ouakam. Mais on espère d’ici deux ou trois ans pouvoir avoir notre propre terrain de rugby. Ce sera plutôt du côté de Ngaparou, à Somone. C’est la seule chose qui nous manque.
Que comptez-vous apporter pour ce nouveau mandat ?
(Il se répète). C’est un nouveau terrain. J’ai mes plans en vue. J’ai mes idées là-dessus. Et c’est ce que je veux vraiment apporter. Cela me permettrait de quitter la Fédération en beauté en apportant un terrain à tous les nouveaux joueurs du rugby, tous les jeunes. C’est ça que j’aime apporter puisqu’on est dans l’élite africaine, on est 38ème mondial et 4ème africain. Si on arrive cette année à rester dans ce groupe, l’année prochaine on fera la qualification pour la Coupe du monde. Parce que c’est la première fois que cela se fait en poule unique sur 15 jours dans un pays. Et c’est vraiment formidable de participer à cela. Évidemment, nous ne serons pas favoris derrière la Namibie, le Kenya, etc. On a accrochés deux fois les Namibiens et les Kenyans. Tout est possible. Mais notre objectif est de pouvoir participer à cette phase finale. Cette année, on y participe. On est 6 pays. Il faut qu’on reste dans les 5 premiers pour participer à la qualification pour la Coupe du monde.
Le Sénégal est champion du groupe B à l’issue de la saison. Un challenge relevé par rugby Sénégal ?
Pour nous, c’est un challenge. Mais il fallait qu’on y croie. Nous étions dans un groupe avec Madagascar et Zambie. Nous avons battu en finale Madagascar devant 35.000 spectateurs. Cela ne nous était jamais arrivé. Il faut savoir aussi que Madagascar est le seul pays où le football est moins populaire que le rugby. Gagner là-bas (33-32), c’est quelque chose. On a affronté l’autre vainqueur du groupe, la Tunisie, qui avait éliminé la Côte d’Ivoire, le Botswana. Gagner la Tunisie à domicile, on ne l’avait jamais fait. Mais cette fois, nous les avons battus là-bas (15-14). C’est vraiment un titre mérité. Parce que les deux finales sont faites à l’extérieur. Pour moi, c’était magnifique.
Avec le rugby d’élite, vous allez entamer en juin la CAN avec le Zimbabwe. Pourrait-on s’attendre à une bonne préparation des Lions pour pouvoir se jauger face aux meilleures équipes africaines ?
Il n’y a pas trop de préparation adéquate parce que ça coûte très cher. Déplacer une équipe de rugby coûte trop cher. Alors, ce qu’on a pu faire, il y a 15 jours, on a organisé un match en France, contre le Maroc. La plupart des joueurs marocains ainsi que nos joueurs évoluent en France. On a organisé un match le 13 février à Mantes-la-Jolie. On avait 32 joueurs, qui ont répondu présents. Mais malheureusement, cela n’a pu être un match officiel. Il y a un problème au sein de la Fédération marocaine. La France nous a dit que ce ne sera pas un match officiel avec des arbitres français. Le Maroc était là. Nous étions là. Nous avons joué un match de 2 heures. Cela a été un excellent match de préparation. Ça a permis d’abord de regrouper les joueurs et d’affronter une belle équipe du Maroc. Ça, c’est l’unique préparation qu’on aura. Contre le Zimbabwe, nos joueurs commencent à se connaître. Ils vont rester ici (à Dakar) 8 jours. Le samedi d’après pour affronter l’Ouganda. Cela fait qu’on mettra les 8 jours à profit pour vraiment préparer l’équipe.
Aurez-vous les moyens de votre politique pour cette campagne ?
Je ne sais pas si on les aura. Mais j’espère que tout sera en règle. J’ai pu obtenir que les deux premiers matchs se fassent au Sénégal. Ce qui fait que nous n’aurons à payer que des billets d’avion de nos joueurs qui viennent de la France. Ils vont jouer contre le Zimbabwe et rester toute la semaine pour jouer contre l’Ouganda. Cela nous fera des économies substantielles. Le ministère des Sports a promis de nous aider pour ces deux matchs. Nous aurons une subvention de rugby Afrique pour héberger nos adversaires ; derrière, on espère avoir des fonds. Et après, pour les 3 autres matchs, je pense qu’on a d’ores et déjà une politique de sponsoring, de marketing. Et je pense qu’on n’aura pas grand-chose à demander à l’État du Sénégal. Nous demandons que l’État nous aide pour les deux matchs que nous allons recevoir à Dakar. Le reste, on va s’en occuper.


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