«Pour l’intérêt du football, il ne faut pas qu’il y ait des clans»
Candidat à sa propre succession à la tête de
l’Organisme national de Coordination des Activités de Vacances
(ONCAV), Amadou Kane, rencontré mercredi dernier à l’inauguration du gazon
synthétique du stade Hann Bel-Air, s’est prononcé sur l’actualité sportive
sénégalaise. Le 4ème vice-président de la Fédération sénégalaise de
Football (FSF) a abordé, entre autres sujets, la non homologation du stade Lat
Dior, les prochains renouvellements de la FSF...
Entretien.
Président, le Sénégal risque de ne pas recevoir ses
adversaires au stade Lat Dior, pour les éliminatoires de la Coupe du monde
2022. Quels commentaires en faites-vous ?
J’ai eu la chance
d’organiser des matchs de l’équipe nationale du Sénégal à l’extérieur : Contre l’Ouganda
à Marrakech (1-0, éliminatoires Mondial 2014), contre la Côte d’Ivoire à
Casablanca (1-1, éliminatoires Mondial 2014), contre l’Angola en Guinée (1-1,
éliminatoires Mondial 2014). Pour dire que je connais les difficultés
d’organiser des matchs à l’extérieur. C’est compliqué et difficile. Je ne
souhaite pas que cela ait lieu.
Le stade Léopold
Sédar Senghor devait être réfectionné, d’après le ministre des Sports (Matar
Ba), ainsi que d’autres stades régionaux. Il s’est trouvé, qu’avec la pandémie,
les partenaires chinois n’ont pu se déplacer. Mais, je pense qu’une solution
alternative devait avoir lieu.
Par rapport au stade
Demba Diop, la FSF, dont je suis le 4ème vice-président, a signé une
convention avec l’État
du Sénégal sur conseil de la FIFA. Il était question de le refaire. Mais, j’ai
écouté, mardi dernier, le lutteur Moustapha Guèye, sur la 2STV, dire qu’il n’y
avait pas nécessité de fermer le stade Demba Diop. Je suis d’accord avec lui.
On l’avait dit. Nous avions dit au ministre de l’Intérieur, à la Protection civile,
qu’il n’y avait pas nécessité de fermer le stade Demba Diop (fermé depuis 2017,
suite aux incidents de la finale USO / Stade de Mbour en Coupe de la Ligue).
Pourquoi, aviez-vous insisté sur la non-fermeture du
stade Demba Diop ?
Les experts que la
FSF a amenés ont montré que le stade est solide. Il fallait réparer seulement
le pan qui était tombé. Le pan, s’il n’était pas tombé, on aurait dû avoir des
milliers de morts. Le pan, il est fait pour ça. Je parle sous le contrôle des
techniciens, le pan, dans un premier temps, il retient et après il doit tomber.
S’il ne tombe pas, tout le monde va être coincé. Ce qu’il fallait faire, c’était
de refaire le pan et laisser les gens utiliser le stade. Avec la FSF, c’est ce
que nous avons dit. Il n’est pas question pour nous de faire tomber tout Demba
Diop. Ce n’est pas possible. Ce qu’il faut, c’est de réfectionner, voir les
parties qu’il faut refaire. Si on le refait, Demba Diop doit être utilisable.
Les premières projections de la FSF, c’était d’organiser le Championnat de
Ligue 1 à Demba Diop. Malheureusement, cela n’a pas été fait.
Et d’après vous, pourquoi le stade Lat Dior n’a pas
été homologué ?
Par rapport au stade
Lat Dior, voilà ce qui s’est passé. Il y a une mission de la CAF qui était
venue pour des études et a trouvé des manquements. Elle a demandé au Sénégal de
corriger ces manquements. Aujourd’hui, on peut constater que nous sommes en
train de les corriger. C’était les toilettes, les chaises qui sont déjà posées.
Je ne pense pas qu’on aille jouer ailleurs. La Commission technique de la CAF
reviendra et verra si les recommandations ont été faites. Si tous les travaux
sont réalisés, ils vont valider. Mais, l’équipe nationale du Sénégal, qui est 1ère
en Afrique (classement FIFA), mérite d’avoir une infrastructure plus importante
que le stade Lat Dior. Imaginez, si on devait rencontrer la Côte d’Ivoire, le
Cameroun, le Nigeria ou l’Égypte,
ce sont des matchs qui ne peuvent pas se tenir au stade Lat Dior. C’est
pourquoi il faudrait qu’on hâte le pied, par rapport au reste. Le stade de Diamniadio
va être prêt en 2022. Mais avant cela, je pense qu’il y aura des mesures
d’urgence pour tous les autres stades du département de Dakar.
L’actualité sportive est encore agitée par les
renouvellements de la Fédération sénégalaise de Football (FSF), prévus au mois
d’août prochain, avec la candidature de Mady Touré, le consensus des 14
présidents de Ligues derrière Me Augustin…
Le football a une
importance capitale dans la vie d’une nation. Le football est roi partout. Même
dans le cadre de la création d’emplois, le football est roi. Toutes ces
discussions autour des renouvellements de la FSF, c’est normal. Les
renouvellements vont se tenir avant la Coupe d’Afrique des Nations-Cameroun 2022
et la Coupe du monde Qatar 2022. Et avec la traversée que nous avons faite,
c’est normal que les Sénégalais s’intéressent au nouveau président de la FSF.
Maintenant aujourd’hui, on ne peut être ce qu’on est et ne pas chercher un
consensus. Quiconque est venu me voir, en l’occurrence Mady Touré, je lui ai
dit que le mouvement Navétane, dans toutes ses composantes, veut un consensus
global. Quand je dis un consensus global, ce n’est pas la recherche uniquement
d’un Comité exécutif.
Que faudrait-il faire alors ?
Il faut démarrer
d’abord par les districts, les Ligues régionales, la Ligue de Football amateur
(LFA), la Ligue sénégalaise de Football professionnel (LSFP) et la FSF. Je l’ai
dit à Mady (Touré), «vous devez être partie prenante dans ce qu’on fait. Je
précise que je ne suis pas là à porter la candidature d’une personne. Je ne
l’avais pas fait lors de la précédente Assemblée générale (2017), contrairement
à ce que certains ont dit. Nous sommes dans un consensus global. Que tout le
monde se réunisse pour voir qui doit diriger la FSF. Cependant, on ne doit
avoir qu’un seul président. Il y a assez de places pour que tout le monde soit
à l’intérieur. Cette démarche de consensus a démarré depuis deux mois. Ce que
les gens disent dans la rue, c’est tout à fait le contraire, par rapport à ce
que nous sommes en train de faire. Tous ceux, qui peuvent être dans ce que nous
sommes en train de faire, nous les avons contactés. On a mis un Comité qui est
en train de discuter avec tout le monde. Le président sortant, Me Augustin
Senghor, nous lui avons demandé de discuter avec tout le monde. Ceux qui ont
d’autres ambitions, on leur a demandé de parler avec tout le monde. Il faut
qu’on ait un consensus global et total, par rapport au football. C’est ce qui
fera qu’on aura un football fort.
Pourquoi le Comité agit de la sorte ?
Il faut éviter qu’il
y ait des mécontentements. Il ne faut pas qu’on se mette les bâtons dans les
roues. Moi, Amadou Kane, je suis candidat à un seul poste. Celui du président
de l’ONCAV. Mais, le football m’intéresse.
En parlant de
renouvellements, j’aimerais qu’on fasse un clin d’œil aux autres aspects du
football, qui marchent bien aujourd’hui. Il y a beaucoup de réalisations que la
FSF a faites. Ce n’est pas suffisant, je le reconnais. Mais, je ne suis pas
pour le nihilisme. C’est pourquoi je voudrais lancer un appel pour le
consensus. Il ne faut pas qu’on suive les réseaux sociaux. Il faut que chacun
joue sa partition. L’État
en premier lieu, qui a délégué le pouvoir. Les acteurs du football, qui sont dans
les clubs, dans l’ONCAV, dans l’UASSU, dans le Corpo. Si on le fait, on aura
une fédération forte et consensuelle. Si on dit consensus, cela va sans dire
qu’il y aura quelqu’un qui ne sera pas d’accord. Mais, il n’a qu’à se
solidariser, par rapport à la majorité. L’idée est que les autres laissent
leurs ambitions pour une seule personne. Je le répète. J’ai parlé à Mady Touré,
Me Augustin Senghor, Saër Seck, Mbaye Diouf Dia, Abdoulaye Fall, Louis Lamotte,
Djibril Wade, Cheikh Seck, Seydou Sané. J’ai parlé à tous les responsables, le
ministre Abdoulaye Sow avec qui nous faisons toutes ces démarches, pour qu’il y
ait un consensus. Mais ce qui reste est que chaque personne retourne à sa base.
Il ne faudrait pas que, si on dit consensus, forcément on doit se retrouver
dans les sphères du football. Il faut que les gens cessent, s’ils pensent
qu’ils ne feront pas partie, de dire qu’ils sont candidats. Il faut qu’on
arrête cela. C’est devenu une mode au Sénégal.
Le consensus se fera autour de quel candidat ?
Le consensus va se
faire autour de ces personnes que j’ai citées. Elles vont se rencontrer. Vous
savez la première candidature de Me Augustin Senghor, c’était au temps du
Comité de normalisation du Football (CNF). Diagna Ndiaye présidait la réunion.
On était à 20 jours des élections. Il n’y avait pas de Commission électorale.
J’étais le plus jeune. Et j’avais dit à Diagna Ndiaye : «Monsieur le président,
avec votre permission, je voudrais qu’on observe comment vont se dérouler les
renouvellements en 2009. Parce qu’on ne peut pas mettre sur place encore un
Comité de normalisation. Les choses sont en train d’être normalisées à 80%. Et
après, on sort sans pour autant qu’on sache qui va diriger la fédération.
Est-ce que cela ne va pas gâter cette normalisation ?». En ce temps, il y avait
beaucoup de candidats dans la salle. Mais, le consensus a fait que certains
candidats se sont retirés. Il ne restait que Me Augustin Senghor et Saër Seck.
Comment vous avez fait pour que Me Senghor soit le
candidat du CNF. Y avait-il un vote à l’interne, à l’époque ?
On leur a demandé de
se concerter. On était dans la salle de réunion de la FSF. Ils ont fait trente
minutes, avant de revenir. Ils se sont finalement accordés que Me Augustin Senghor
va être le candidat. Ce qui restait, c’était d’aller chercher ce même consensus
à l’extérieur. Malheureusement, le ministre Malick Gakou s’était déclaré
candidat. Et, je pense que cela est valable cette fois-ci. Il faut qu’il y ait
un président et si le football sénégalais est arrivé à ce stade, c’est parce
qu’il y a des gens qui l’y ont amené. Le football sénégalais a de bons
dirigeants. Il y a Me Augustin et les autres dirigeants aussi. Je pense qu’avec
tout le monde autour d’une table, j’ose croire qu’il y aura un consensus
valable par rapport à tout ce qu’on doit faire.
Forcément, il y aura un choix, après le consensus…
Maintenant, si on
fait un choix, on peut éliminer quelqu’un de bon. Cependant, si tout le monde
est d’accord sur le principe, il faut donner un contenu au consensus, pour
mettre chaque personne à la place qu’il faut. Si on le fait, ce sera une
feuille de route et que tout le monde parle à ses proches. Ensuite on informe
l’État du Sénégal que, pour
l’intérêt du football, il faut qu’on soit ensemble. Pour l’intérêt du football,
il ne faut pas qu’il y ait des clans. Mais, Amadou Kane n’est candidat qu’à la
présidence de l’ONCAV. Dans nos textes, l’ONCAV est membre du Comité exécutif
de la FSF. Et le reste, ça va venir. Le football sénégalais depuis un bon
moment, on est premier en Afrique (depuis 29 novembre 2018, ndlr). Cela n’a
jamais existé dans l’histoire de ce pays. Je me demande si on doit gâter cela. Je
pense qu’on doit conserver ces acquis. Et puis pour faire le football, doit-on seulement
parler du président ?
Que voulez-vous dire par là ?
Il y a les
techniciens, il faut de l’argent. Parce que quand tu as un bon dirigeant, si tu
n’as pas de bons techniciens et de l’agent, tu ne peux pas faire le football.
Mais, les gens ne parlent que du président de la FSF ou des présidents de Ligues.
Le football, c’est un problème d’ensemble. Ce sont les infrastructures, les
techniciens, l’argent et les dirigeants. Si on réunit ces quatre composantes,
on va être compétitif. Aujourd’hui, ce que Teungueth FC a fait en Ligue
africaine des Champions, ce que le Jaraaf est en train de faire en Coupe CAF
(Jaraaf est quart-finaliste), cela doit nous aiguillonner. Pour dire que si
nous n’avons pas d’infrastructures, de techniciens, de l’argent, de bons
joueurs et de bons dirigeants, on n’ira nulle part. Il faut qu’on soit unis.
Par Cheikh Demba NDIAYE